L’homo sapiens, destructeur inné ?On a déjà pu évoquer ici la destruction de toute la mégafaune en 40 000 ans d’invasion de la planète par notre espèce. On rappellera au passage que les paysages d’Australie glorifiés dans la fresque épique Australia sont le résultat des gigantesques incendies utilisés par les aborigènes dès leur arrivé sur le sous-continuant au point d’en assécher une bonne partie et de réduire drastiquement sa biodiversité avant même l’arrivé des Occidentaux, pourtant spécialiste en la matière. Des travaux récents tendent à démontrer ce dont on se doute plus ou moins depuis des lustres à savoir que les espèces de notre groupe animal (homo erectus en Asie et homo Neandertalis en Europe) n’ont pas disparu seulement en raison de changement climatique comme par hasard quand nos ancêtres débarquaient, mais ils ont bien été chassés et tués (voir ici). Maintenant, des travaux récents tendent à montrer que l’augmentation des gaz à effets de serre d’origine anthropique commence bien avant la révolution industrielle.
C’est la théorie du paléoclimatologue William Ruddiman, dont les derniers développements ont été vivement discutés au congrès d’automne de l’American Geophysical Union (AGU), qui s’est achevé le 19 décembre à San Francisco (Californie). Selon le chercheur, professeur émérite à l’université de Virginie, l’influence de l’homme sur le climat a commencé avec les débuts de l’agriculture, il y a 8 000 ans.
M. Ruddiman s’appuie sur l’observation des concentrations de deux des principaux gaz à effet de serre - dioxyde de carbone (CO2) et méthane (CH4) - depuis 15 000 ans. On observe dans un premier temps une raréfaction de ces deux gaz dans l’atmosphère. Mais, vers 6000 avant notre ère, le CO2 se met à croître. Puis c’est au tour du CH4, vers 3000 avant J.-C., de connaître une hausse.
Pour le chercheur, les explications sont claires : la première date correspond à la diffusion de l’agriculture en Europe et en Asie occidentale, cause de déforestation plus ou moins massive. La seconde tiendrait au développement, en Chine, de la culture du riz qui, de toutes les cultures céréalières, est la plus émettrice de méthane.
Pour Walter Ruddiman, l’agriculture, de sa naissance jusqu’au début du XIXe siècle, a fait grimper la concentration en CO2 de 240 à 280 parties par millions (ppm), et en CH4 de 450 à 700 parties par milliard (ppb). La concentration du CO2 dans l’atmosphère s’accélère aujourd’hui et a atteint 387 ppm en 2008. Durant la période 1970-2000, le niveau de CO2 dans l’atmosphère augmentait en moyenne de 1,5 partie par millions chaque année. En 2007, cette valeur a atteint 2,14 ppm, indiquent les scientifiques de l’observatoire d’Hawaï de la NOAA.
Le niveau de 387 parties par million (ppm) de CO2, en hausse de près de 40% depuis le début de la révolution industrielle correspond à la valeur la plus élevée jamais atteinte depuis 650 000 ans au moins.
En raison de divers effets de seuil, les projections du GIEC montraient dès 2001 qu’à partir de 400 ppm les effets climatique se feront sentir durant plus d’un millénaire avant que la biosphère se stabilise. D’après James Lovelock, à 500 ppm on en prend pour 200 000 ans !
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