Le narval davantage menacé par le réchauffement climatique que l'ours polaireAP | 20.06.2008
L'ours polaire est devenu le symbole des victimes du réchauffement climatique, mais une nouvelle étude démontre qu'un nouvel animal de l'Arctique se voit davantage menacé par les changements climatiques: le narval.
Ce cétacé, qui arbore une longue défense torsadée ayant inspiré le mythe de la licorne, a distancé l'ours polaire sur la liste des mammifères marins de l'Arctique les plus menacés par le changement climatique. Dans cette étude parue dans la revue "Ecological Applications", les scientifiques de trois pays ont quantifié les faiblesses des mammifères marins arctiques courent avec le réchauffement climatique. Après le narval, les animaux les plus exposés au danger sont le phoque à capuchon, la baleine boréale ou baleine du Groenland et le morse.
"Ce qu'on a voulu faire, c'est regarder l'image d'ensemble parce qu'on s'était beaucoup focalisé jusqu'ici sur l'ours polaire", a expliqué le co-auteur de l'étude Ian Stirling, spécialiste de l'ours polaire auprès du gouvernement canadien. L'étude porte donc sur "un écosystème complet, avec plusieurs espèces différents qui dépendent considérablement de la glace et qui sont très vulnérables".
Les scientifiques se sont penchés sur neuf variables différentes, qui permettent de déterminer la capacité à résister aux futurs changements climatiques. Parmi ces facteurs figurent la taille de la population, la spécificité de l'habitat, la diversité du régime alimentaire et la capacité à surmonter les changements de la glace.
Ca ne veut pas dire que le narval, qui compte une population de 50.000 à 80.000 individus, mourra en premier. L'ours polaire, dont la population avoisine les 20.000, est différemment affecté par la fonte de la glace, précisent les scientifiques.
Biologiste à l'université de Stanford, Terry Root, qui n'a pas participé à l'étude, estime que cette analyse renforce ses craintes: le narval "va être l'un des premiers à disparaître" à cause du réchauffement climatique, malgré la taille de sa population.
"Ils peuvent être très nombreux, mais si leur habitat ou les choses dont ils ont besoin disparaissent, ils ne vont pas pouvoir survivre", a-t-il craint.
Les ours polaires peuvent s'adapter en partie au changement de climat en Arctique, pas les narvals.
Le narval, qui plonge jusqu'à 1.800 mètres pour se nourrir de flétan, est le dernier animal qui vit dans des petites fissures de l'Arctique constituée à 99% par de la glace, rappelle Kristin Laidre, chercheuse à l'université de Washington. Quand la glace fond, non seulement l'habitat du narval change, mais des prédateurs comme la baleine tueuse pourraient plus facilement les attaquer.
L'an dernier déjà, les Inuit du Groenland avaient prévenu les scientifiques que la population de narval semblait en danger. AP
Sur le Net:
http://tinyurl.com/4h88qhhttp://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/international/ameriques/20080620.FAP0743/le_narval_davantage_menace_par_le_rechauffement_climati.html